
Une histoire d’adaptation, pas de réinvention
En 2018, InVivo, l’un des premiers groupe coopératif agricole européen entame sa transition digitale. A la clé, le développement par sa filiale InVivo Digital Factory de nouvelles solutions numériques dédiées au groupe, ses grands métiers (Agriculture, Retail, Agroalimentaire, Négoce) mais aussi ses coopératives agricoles sociétaires et clients, pour leur permettre de créer de nouveaux services et modèles de revenus.
Son 1er développement en 2019, la plateforme E-procurement B2B de vente de produits et services agricoles aladin.farm, dédiée aux coopératives sociétaires du groupe.
Plus de cent contributeurs participent au développement de ce site e-commerce réalisée en un temps record, qui gagne rapidement en fonctionnalités, en business (+ 1 Md € de flux en ligne réalisés par les coopératives en 2025) mais aussi en complexité.
Cinq ans après sa mise en ligne, la maintenance devient de plus en plus lourde, le code monolithique difficile à maintenir, où les standards se mélangent, le temps d’intégration explose et les nouvelles features se ralentissent.
L’annonce de la fin de vie de Vue 2 fin 2024, agit comme un déclencheur. Plutôt que de se contenter d’une simple mise à jour technique, Invivo Digital Factory saisit l’occasion pour repenser complètement son architecture. L’ambition dépasse la simple refonte : transformer son site en une véritable plateforme capable de gérer plusieurs marques blanches, d’intégrer de
nouveaux domaines métiers et d’offrir plus d’autonomie aux équipes.
Du monolithe aux micro-frontends
Invivo Digital Factory dispose déjà d’un backend composé de microservices alignés sur les domaines métier (produit, offre, panier et CMS). La nouvelle architecture reprend cette logique de modularité côté backend, mais l’étend désormais au frontend.
L’objectif était de donner aux différentes équipes dév la maîtrise de leur périmètre métier. Chacune dispose de son propre micro-frontend — produit, offre, panier, marketing — et est responsable de bout en bout, du développement du front à son intégration avec les systèmes tiers.
Des choix techniques réalistes
Plusieurs solutions ont été testées : iFrame, Module Federation et Routing Server. Si le Module Federation séduisait par sa modernité, il s’avérait incompatible avec le CommonJS du monolithe Vue 2. Quant au Routing Server, il nécessitait de repenser tout le déploiement.
Finalement, c’estl’iFrame qui s’est avérée être la solution la plus stable, de part sa maturité, sa simplicité et son isolation native, parfaitement adaptée pour démarrer la migration sans prise de risque. DuckConf2025

Une migration incrémentale Vue 2 à Vue 3 maitrisée
Plutôt que de tout basculer d’un coup, Invivo a choisi une migration incrémentale. Fin 2023, seules les pages légales sont migrées vers le nouveau système. En 2024, d’autres modules stratégiques comme par exemple Mon Compte et le Panier d’alafin.farm rejoignent progressivement l’architecture micro-frontend. L’objectif fixé est d’atteindre environ onze micro-frontends à fin 2024. Cette migration maîtrisée a permis d’effectuer la transition complète vers Vue 3 sans encombre.
L’app-shell, chef d’orchestre invisible
Désormais, le front monolithique a laissé place à une app-shell qui centralise le chargement du site et la navigation entre les micro-frontends, gère les états partagés (comme l’authentification), et inclut les fonctionnalités transverses telles que le monitoring ou l’analytics.
Organisation interne revue et culture au service du projet
Plus que de la technique, ce tournant a réorganisé l’équipe. Elle clarifie les responsabilités : chaque features teams désormais autonome sait quelles parties du code elle maintient. Un design system unifié et des pratiques DevOps solides viennent compléter cette nouvelle organisation pour garantir la cohérence et la fluidité des livraisons.
Et surtout, Invivo Digital Factory a fait le bon choix : utiliser les ressources natives du web (comme les postMessage) plutôt que s’enfermer dans les patterns complexes des frameworks.
Les succès d’InVivo Digital Factory soulignent plusieurs principes forts :
- L’architecture doit répondre aux réels besoins, pas aux dogmes.
- Une migration incrémentale permet de progresser sans arrêts brutaux.
- L’autonomie des équipes et la clarté des responsabilités sont essentielles.
- Utiliser les APIs du web peut être plus efficace que sur-complexifier avec le framework.
La migration micro-frontend d’Invivo prouve qu’il est possible de moderniser un frontend complexe sans arrêter l’activité et sans tout réécrire d’un coup. Avec une bonne planification, des choix techniques réalistes et une organisation claire, la sérénité remplace les complexes. Dans ce cas précis, c’est même devenu un moteur d’innovation.
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Visionnez le talk de Xavier JULIEN, Head of Front End chez InVivoDigitalFactory sur le micro-frontend, architecture d’avenir et levier pour la webperf de notre plateforme B2B, sur laquelle est construit notamment les sites e-commerce aladin.farm, farmi.com ou encore Episens.fr.
La Duck Conf, un événement annuel by OCTO Technology pour tous les passionnés d’architecture des SI.